À l’ère de la digitalisation globale, les données, les plateformes et les infrastructures numériques jouent un rôle central dans le développement économique, social et politique des pays. Toutefois, cette domination technologique croissante, exercée par une poignée de grandes puissances économiques et entreprises multinationales, pose la question d’un nouveau colonialisme numérique. Ce phénomène fait référence à la dépendance croissante des pays du Sud, notamment africains, vis-à-vis des technologies, données, algorithmes et plateformes étrangères, sans contrôle local ni souveraineté sur les ressources numériques.
Dans cet article, nous explorons les contours de cette problématique et présentons des pistes concrètes pour que le Maroc et les pays africains puissent reprendre le contrôle de leur destin numérique.
1. Comprendre le colonialisme numérique
Le colonialisme numérique peut se manifester de plusieurs façons :
Concentration des données dans les serveurs des géants du numérique situés hors d’Afrique.
Dépendance technologique : logiciels, infrastructures cloud, réseaux sociaux et outils numériques largement contrôlés par des entreprises étrangères.
Asymétrie de la valeur : les données produites localement sont exploitées pour créer de la valeur ailleurs, sans retour équitable pour les pays producteurs.
Influence culturelle et politique : algorithmes biaisés, modération des contenus, ou hiérarchisation des langues favorisant certaines cultures dominantes.
Ce phénomène n’est pas toujours volontaire, mais il résulte d’un écosystème mondial structuré autour de centres technologiques en Amérique du Nord, en Europe ou en Asie, laissant les pays du Sud en simples utilisateurs et non en producteurs de technologie.
2. Quels risques pour les pays africains et le Maroc ?
Pour le Maroc, le risque est multiple :
Perte de souveraineté numérique : incapacité à stocker, protéger et exploiter ses propres données de manière autonome.
Vulnérabilité économique : dépendance aux plateformes internationales pour l’e-commerce, la publicité, les services cloud, etc.
Exclusion linguistique : peu d’outils disponibles en arabe ou en amazigh dans l’intelligence artificielle et les interfaces utilisateurs.
Limitation de l’innovation locale : fuite des talents, manque d'infrastructures, faible valorisation des projets nationaux.
3. Comment construire une souveraineté numérique durable ?
a) Développer des infrastructures locales
Créer ou renforcer des centres de données nationaux et régionaux permet de garder les données critiques sur le territoire. Cela inclut aussi les solutions cloud marocaines et africaines, pour héberger les plateformes locales.
b) Promouvoir l’open source et les standards ouverts
Encourager l’utilisation et le développement de logiciels open source permet de s’affranchir des licences coûteuses et de créer des solutions adaptées au contexte local.
c) Investir dans les compétences locales
La formation de développeurs, data scientists, ingénieurs IA, experts en cybersécurité est essentielle. Des programmes nationaux et des partenariats public-privé peuvent permettre de former une masse critique de talents.
d) Adopter des politiques publiques claires
Les gouvernements doivent se doter d’une stratégie nationale du numérique avec une vision de souveraineté. Cela implique aussi des cadres législatifs pour la protection des données, la localisation des infrastructures critiques, et la régulation des plateformes.
e) Encourager la recherche et l’innovation locale
Les universités et centres de recherche doivent jouer un rôle central dans la création de solutions technologiques africaines. Le soutien aux startups innovantes est également un levier majeur.
4. Vers un numérique africain, éthique et inclusif
Le Maroc, en tant que hub technologique émergent en Afrique du Nord, a une opportunité unique de leadership sur cette question. Le développement de solutions numériques locales, adaptées aux réalités linguistiques, économiques et sociales du pays, est essentiel. Il ne s’agit pas d’un repli technologique, mais d’un modèle hybride alliant ouverture internationale et contrôle stratégique sur les ressources numériques.
En collaborant à l’échelle régionale avec d’autres pays africains, le Maroc peut également contribuer à la construction d’un écosystème numérique africain souverain, au service du développement durable, de l’inclusion et de la justice numérique.
DataConsulting.ma : acteur engagé pour un numérique souverain et responsable
DataConsulting.ma accompagne les administrations, entreprises et institutions marocaines dans la maîtrise de leurs données et dans le développement de solutions technologiques souveraines. Grâce à notre expertise en big data, intelligence artificielle, sécurité des données et infrastructures cloud, nous contribuons à bâtir un écosystème numérique local, fiable, sécurisé et adapté au contexte marocain.
Nous proposons également des formations, des audits et des solutions sur mesure pour permettre à nos partenaires de renforcer leur indépendance technologique, valoriser leurs données localement et participer activement à la transition numérique du pays.